[J10] FRANCE - ISLANDE

Eidur Davyodasson a écrit:Glut !
Mes bons compatriotes Islandais, vendredi prochain, nous affrontons le leader de la poule, la France, chez elle. Pourquoi ouvrir le fil si tôt ? C’est que notre guide nous a conseillé de partir très tôt, afin d’arriver sur place en temps et en heures… Faisons donc confiance à notre guide, Lmalino, pour nous mener au stade du trou du cul, dans de bonnes conditions.

Eyjafjöll étant tranquille, on en profite pour sauter dans l’avion, dès la fin du repas dominical, avec l’espoir de profiter un peu des joies parisiennes, en étant en avance.

Nous arrivons donc à Paris le dimanche soir. Cool, direction les folies parisiennes, les chaleurs de la nuit etc. Par contre, curieux, y’a des champs partout, et rien, pas un batiment à l’horizon. Je pensais que Paris était un peu plus urbain.
- Euh non, chef… On n’est pas vraiment à Paris en fait.
- Comment ca ? on a bien atterri à l’aéroport de Paris non ?
- Euh, oui, mais Paris Beauvais. Mais en fait, c est plutôt Beauvais que Paris… Donc maintenant, faut prendre une navette pour aller jusque Paris.
- Et c’est loin ?
- Non, c est juste à coté, une heure de route quoi…
- …

Saloperie d’escroquerie. Ah, ils pouvaient être moins cher les billets, bref… Bon, pas le choix, suivons Lmalino qui se dirige déjà vers les navettes (pour ne pas dire car ou bus des années 80…).

- Euh, chef, en fait, les navettes sont là, mais on peut pas les prendre tout de suite.
- Comment ca, c’est quoi cette histoire encore ?
- Ba le gars dit qu’il en est à 34h bossées cette semaine, et que du coup, s’il fait l’aller retour, ba il va dépasser les 35 heures. Il dit qu’il veut pas prendre le risque. Donc il fait une demi-heure de pause, pour ensuite être en week end.
- OK, mais nous on fait comment ?
- T’en fais pas chef, il a son collègue qui prend sa suite un peu plus tard, on peut déjà s’installer dans la navette au chaud en attendant…

Lundi matin :
Après 13 heures passées dans le bus, le collègue finit par arriver. Il avait posé un RTT, et donc commencant sa journée à 13 heures du matin. Il se pointe donc très logiquement à 14h30.
- Lmalino, t’es sûr que le mec a bien son permis, des papiers et tout ? Il a l’air chelou.. D’ailleurs il me dit quelque chose. Il ressemble pas mal à Adelio Sánchez le joueur Paraguayen.
- Oui oui chef, tout va bien. C’est un cousin, qui bosse ici depuis des années. Adelio fait quelques vacations aussi, avec ses ptits camarades, en jouant de la flute de pan pour les touristes sur Paris. Bon, par contre, si vous apercevez les flics, baissez tous la tête quand même…

Tant bien que mal, nous voguons parmi les bagnoles, au milieu du concert de klaxons, de bras d’honneurs.

Nous descendons finalement.
- Lmalino, c’est bon, on est bien arrivé ?
- Euh, chef, oui, enfin presque.
- Non, mais parce que ca me rappelle plus notre déplacement à Abuja quand on a joué le Nigéria quoi.
- Non mais c’est normal chef, on est à Porte de la Chapelle là. J’avais un « pote » à voir et quelques « courses » à faire. Vous avez jamais vu le quartier dans enquête exclusive ?
- Euh non, mais bon, magne toi, qu’on puisse quand meme profiter un peu quoi, avant d’aller au stade…

Dimanche, 19h, Lmalino revient, titubant, mais sûr de son fait.
- C’est bon chef, j’ai tout arrangé ! J’ai croisé Peter Asika, le milieu Nigérian, il vous passe le bonjour. Il m’a fait un prix d’ailleurs, vu qu’il vous connaissait. Sympa ! Et il m’a dit que le mieux était qu’on continue en métro…

Nous voilà donc chargés comme des mules, avec notre petit ticket dans la main à attendre un métro, qui se refuse à arriver.

« Votre attention s’il vous plaît, suite à un mouvement social, la circulation est coupée jusque mardi matin, 8 heures… »
- Chef, on a deux solutions, soit on remonte dans le quartier, et on dort, mais je vous le déconseille, on risque de se faire réveiller par la BAC, ou les cafards qui jouent à cache-cache derrière nos oreilles, soit on reste là et on attend que ca passe… Vous pouvez même en profiter pour faire entrainer les gars sur le quai.

Bordel de merde, qu’est-ce qu’on faut là…
Nous voilà à taper la baballe et faire un peu de foncier sur le quai de métro, en compagnie de Pédro Santiago Almeida, le père de Antonio, qu’on avait croisé au match aller contre les gaysh, avachi sur un banc avec un caddie remplit de sac plastiques et couvertures. Viré d’un chantier ou il s’occupait de la maçonnerie, le voilà à pioncer dans le métro. Mais qu’importe, c est sous son regard curieux qu’on a préparé au mieux en essayant de pas s’électrocuter sur le rail, en allant récupérer les ballons.

Mardi matin arrive enfin, pour les joueurs emmitouflés sous leur sac DIMA bleu et rouge. Les joueurs se réveillent sur la musique folklorique qui n’est pas sans nous rappeler un souvenir assez récent.
Mais oui ! Voilà Cristian Znagovanu le latéral Moldave, qui s’approche avec un accordéon dans les bras et des petites filles qui dansent à coté. On embarque donc dans sa rame. Malgré nous, puisqu’évidemment on avait pris soin de monter le plus loin possible de cette pollution musicale. Mais ce con, nous apercevant, a voulu nous honorer de son art…
Quelques stations plus tard, la petite troupe file en courant, sans même prendre le temps de passer dans leur gobelet mcdo richement décoré aux Crayola…
Nous comprenons la raison, quand la moitié de l’équipe se rend compte qu’elle voyage plus léger d’au moins leur bourse (et pas celle qui fait juter…). Direction le commissariat donc. Nous sortons en plein 13e arrondissement. Bordel ! 袁 (Yuan) 延昭 (Yanzhao) qui court derrière une poule avec une lame de 30 cm en hurlant en tous sens… Aussi vif que sur le fond de l’attaque, et on ne peut plus imprévisible. Derrière lui, 冯 (Feng) 静利 (Jingli), comme sur le terrain, est à l’organisation et vend des nouilles sautées vapeur sur un drap étendu sur le trottoir.
- Bonjour Feng, mais vous faites pas que footballeur ?
- Si si, mais aide famille vendre. Toi mangé, pas mangé ? Moi faire prix toi, nem cadeau. Pas de scien dedans, presqu’ garannti, pas p’obleme. Pas cher et thè thè bon.
Lmalino me fait de gros yeux, et je suis son impression, en m’écartant de l’échoppe artisanale, pour continuer notre chemin.

On entre finalement au poste.
- Glüt messieurs, nous venons nous plaindre d’un méfait dont nous avons été victime.
- Hein ? Le touriste il se fout de notre gueule là ? Keskidit lui, il veut nous embrouiller avec ses histoires ?
- Mes excuses mon brave, mais nous ne nous sommes pas bien compris. Nous avons connu maintes et maintes embuches qui nous ont menés ici face à vous, afin de vous signifier le fait que nous avons été la victime d’un larcin sans nom, qui nous a vu privé de nos quelques deniers amenés pour profiter du voyage.
- Hein. Jacky, vas-y, lui, je le sens pas. Coffre tout le groupe et on les interroge un par un.

Nous ressortons jeudi matin, certains avec des noms et numéros de téléphones imprimés en pages jaunes sur le front ou la joue, Bergmann Karlsson et Henry Eyjólfsson avec 2 semaines d’ITT, Böðvar Valdimarsson Kveldúlfur 'Iceman' Valdimarsson et Sigurgeir Eggþórsson avec une semaine, et dont on espère qu’ils n’auront plus qu’un pansement vendredi soir… Et relachés par notre hôte avec un avis d’expulsion et 60 jours pour quitter le territoire par nos propres moyens, et aucune aide évidemment.


Retour sur le trottoir.
- Chef, chef, y’a plus qu’une solution, c’est de prendre le taxi pour arriver au final à l’hotel, ou directement au stade.
- Non, mais, Lmalino, on n’a plus un radis en poche là. On fait comment ?
- T’inquiète chef, on va s’arranger.

Et nous voilà, en groupe à une station de métro, prêts à embarquer dans une file de voitures arborant un « taxi » sur le haut, puant la friture et le shit. Lmalino part discuter avec nos chauffeurs, et conclut un deal, dont je ne veux connaitre aucun des éléments.
- Bonjour Monsieur, merci de nous prendre mains..
- Ui, ui, cé ça. Ou que jl’y emmène li messieurs là ?
- Nous venons pour la rencontre de ven…
- Non mi j’m’en fou. Ou que j’temmène missieurs !
- Hm, bon, on va aller directement au stade alors. Au trou de balle s’il vous plait.
Lmalino écarquille les yeux et perd en un instant 10 cm, la tête entrée dans les épaules.
- C’y moi qu’tu traites de trou d’balle ? Myskine, j’vais te mettre une main de fatma dans ta gueule, tu va voir la Mecque en 3D pédé ! Nardine, qu’est ce que j’ai fait pour me faire foutre dehors comme ca. A Bagdad, j’étais le prince des chauffeurs, et j’viens ici j’mi fait insulter comme ca. Bsartek…
- Ah, euh, non Monsieur, pas de méprise, nous faisons du foot, et c est le nom du stade ! On veut juste aller au stade pour jouer notre putain de match de vendredi contre la France ! Au foot quoi !
- Ah, mais fallait li dire ti’suite rouilla ! J’y tous mes cousins qui font li foot aussi, qui tapent dans la balle zarma les batards. Y’a mime mon frère Bilal Safi qu’il est dans la défense de l’iquipe du bled là. Mais qu’est que vous foutez ici les gars ! Le trou de balle, il est en région PACA, pas à Paris !
- Chef, euh, comment dire chef. Moi j’pensais que vous alliez jouer au stade de France…

(…)

Notre ami Irakien accepte de faire un geste, pris de pitié en apprenant que nous avions perdu vendredi contre ses frères Irakiens vendredi dernier, et accepte de nous ramener à l’aéroport, direction le trou de balle…

Vendredi matin :
Nous arrivons finalement à proximité du stade, après que le taxi sudiste nous a fait passer 3 fois au même endroit et nous a obligé à payer en liquide (on a du laisser un des coach en caution, en demandant à la fédé de venir payer ensuite...) en ayant gouté la gastronomie francaise avec les croissants congelés réchauffés dans l’avion, avec une confiance faible et un état d’esprit on ne peut plus irrité.

Putain, avec tout le monde qu’on a croisé, on aurait pu jouer l’ensemble du T1 à Paris je crois. Ca aurait évité bien des dépenses et des soucis.
Elle est belle la France…
Bon match quand même !

Gabriel Siemiński fut l'arbitre retenu pour le match, assisté par Valerio Mocerino et Zé Pequeno